des-mots-sans-bruit

(biblio-blog)

Mercredi 2 décembre 2009 à 22:15


http://www.renaud-bray.com/ImagesEditeurs/PG/200/200156-gf.jpg

Mrs Dalloway
, V. Woolf.
 
"Virginia Woolf, Virginia Woolf, on en parle partout, tout le monde connaît, il faut absolument avoir lu ses bouquins, et pourtant, moi je n'ai jamais rien lu d'elle, alors essayons, prenons en un un peu au hasard, on verra bien ce que ça vaut." mes disais-je en en tirant un des rayons de la librairie. Je ne savais donc pas du tout à quoi m'attendre, ni ce que c'était, je ne savais que très peu de choses sur l'auteur. Mais bon, comme elle est citée dans une chanson de Laura Veirs, je dois aller voir quand même. Je n'ai pas été déçu ! Un récit polyphonique, la narration passe comme par contamination d'un personnage à un autre, sans aucune cohérence apparente au début, et puis on commence à connaître les personnages, on comprend un peu l'ensemble, on se rend compte que c'est un roman formidable. Bien sûr, quand on ouvre le livre, on est un peu déconcerté par la subjectivité de la narration, le passage d'un point de vue à un autre, l'utilisation (jouissive) du discours indirect libre, mais très vite, on est aspiré dans l'œuvre par ces procédés, la lecture, un peu difficile dans les premières pages, va d'elle même. Les phrases sont magnifiques, ça coule, coule, coule, nous porte, on est pris dans le courant, les pages et les heures passent sans qu'on s'en rende compte, on est parfois arrêté dans la lecture pour revenir en arrière, soit dans la phrase pour la reprendre, soit dans le livre pour vérifier un événement passé, mais même ça ne brise pas la magie de la lecture, j'ai réellement été charmé, au sens propre. L'écriture est très riche, et le livre entier l'est aussi, c'est un livre qui mérite et réclame même d'être relu pour être pleinement apprécié, on le redécouvre vraiment. Je ne dis pas pour autant qu'il est facile, il ne l'est pas, mais il est tellement bien fait et bien écrit qu'il est rendu facile. Je me demande ce que ça rend en anglais non traduit, ça me fait un peu regretter de n'être pas à même de le lire en version originale. Des longueurs, oui, il y en a bien, mais l'écriture nous les fait oublier, elle virevolte et porte le lecteur de phrase en phrase, de personnage en personnage, on ne sait plus où s'arrêter, il n'y a pas de pause, on est happé. L'effort sur la psychologie des personnages, le point de vue du narrateur sur eux, la façon de raconter, points de vue et procédés, la vision, tout m'a plu dans ce livre incroyablement dynamique. C'est sans aucun doute un trésor, on ne peut pas passer à côté. J'en lirai d'autres de V. Woolf, c'est certain, si tous sont aussi enthousiasmants que celui là, ça sera une merveille. Lisez le, sans hésiter, il est excellent, c'est un livre qui remotive et redonne le goût des lettres quand on en a assez de lire des choses insipides ou gentillettes mais sans plus. Formidable je vous dit !
 

Mercredi 2 décembre 2009 à 21:36


http://www.images-chapitre.com/ima0/original/031/556031_2847219.jpg(en vrai la couverture n'est pas aussi moche, elle est plus foncée, désolé, j'ai pas trouvé d'image mieux)

Véronique Olmi, Je nous aime beaucoup.

C'est une pièce de théâtre très courte, très vite lue. La situation présentée est extrêmement classique, voire banale : à l'occasion du mariage d'amis communs, cinq personnes se retrouvent coincés à la campagne au milieu de rien, dans une maison qui tremble sous l'orage, et donc les anciennes relations des personnages refont surface, jalousies et conflits, et puis clash avec les nouveaux. Je suis d'accord, jusque là ça fait pas envie, on dirait un téléfilm français qui ne promet rien de bon. Et pourtant. C'est pas désagréable. Simple et plutôt drôle, même si parfois un petit peu convenu et attendu, on sourit, on rit peut être, on prend du plaisir. Les personnages sont des connards. Tous. Mais tous ont aussi des côtés attachants ou touchants. C'est parfois méchant, mais pas de la façon dont la situation le laisserait penser, ça ne tourne pas trop à la caricature de cette scène déjà mille fois revue contrairement à ce que je craignais. Une pièce sympa, efficace même si je suppose qu'il ne faudrait pas qu'elle soit plus longue, au bout d'un moment, ça saoulerait, là, elle trouve pile sa durée, courte, elle est agréable, fait un peu rire, et pour pas mal, bien réfléchir aussi, on se dit un peu "et moi ?". J'ai bien aimé. Pour se distraire, pas mal, même si ça n'est pas le prochain Nobel.


Mercredi 2 décembre 2009 à 21:16


http://multimedia.fnac.com/multimedia/images_produits/ZoomPE/8/5/2/9782809701258.jpg

Haikus, Sôseki.

Pas évident de commenter un recueil de haiku ; que dire sinon ce simple "ce ne sont pas mes préférés" ? Cependant j'ai pris une sorte d'engagement, relevé un genre de défi en ouvrant ce blog, je dois y parler des livres que je lis, peu importe leur forme (sauf mes livres de grammaire, anthologies diverses, morpho-syntaxe et autres réjouissances, je vous épargne ça), et je me dois donc de dépasser ce simple jugement.
Contrairement à d'autres, les Grands Maîtres du genre, Sôseki ne produit pas chez moi ce léger instant où on a les yeux qui étincellent en voyant littéralement devant nous ce qui est décrit, je ne ressens pas ce que je lis comme avec d'autres auteurs, ou moins en tout cas, sa poésie me transporte moins, me touche moins. J'ai besoin de faire plus appel à mon cerveau pour l'apprécier, cette poésie relève, pour moi, moins de l'ordre de la sensation. Pourtant, il y a de très bons haïku, de très bon moments, mais ça n'est pas la majorité et le phénomène est moins immédiat avec cet auteur.
L'édition que j'ai est, il me semble mais je n'en suis pas certain, la version poche, le même ouvrage exactement existe en plus grand. L'éditeur a fait le choix d'accompagner les poèmes de Sôseki de ses aquarelle qui ne sont... enfin, allez, disons le comme je le sens : qui sont mauvaises. Elle sont faibles à mes yeux, et très franchement, même si c'est intéressant de voir différents arts pratiqués par le même artiste réunis, là ça aurait été aussi bien sans les images.
Quant à la préface de l'éditeur de Sôseki, qui a également été traduite, j'ai trouvé que c'était une excellente idée de la conserver dans l'ouvrage en français plutôt que d'en mettre une d'un critique ou auteur comme c'est souvent le cas. Non pas que ça ne soit pas intéressant quand c'est ça, au contraire même, mais au moins, par rapport aux autres éditions, ça change, ça apporte un autre point de vue. Cependant, les préfaces ordinaires sont plus intéressantes sur le haïku de façon générale, celle ci est un peu longue pour ce qu'elle dit, on peut sauter des passages, mais elle éclaire bien sur les haïku de Sôseki et le contexte d'écriture, c'est utile.
Un recueil intéressant donc, même si ça n'est pas mon préféré du tout.

Lundi 16 novembre 2009 à 21:27

 
http://membres.lycos.fr/tanahlot/biblio/9912/kyoto.gif
Y. Kawabata, Kyôtô.

Je voudrais commencer par préciser que je ne trouve pas d'image plus grande de la couverture sur le net, mais que ça n'est pas bien grave puisque dans cette édition, comme toutes celles de cette collection, elle est d'une laideur affligeante. Il ne faut pas s'y fier, le livre vaut quand même bien mieux que ça. J'espère que le responsable artistique a été pendu.

Voici un livre traduit du japonais, mais traduit ne signifie pas adapté, et ici, ça a été le premier problème, même si un problème bien léger. Je ne sais pas si les tournures particulières ont été adoptées par volonté de simple transcription de la phrase japonaise, pour donner à sentir le texte original à travers la traduction ou si ça rend compte d'un effet particulier dans la langue d'origine, mais quoi qu'il en soit, c'est un petit peu lourd à la longue, la lecture n'est pas fluide. Dans les dialogues notamment. Mais enfin ça n'est pas totalement négatif, simplement, ça freine un peu le rythme de lecture. Le tout donne une impression de fossé culturel (Japon du tout début des années 60) parfois difficile à enjamber, qui peut, je crois, un peu gêner la compréhension. J'ai presque envie de dire que ça manque de notes.
Mais passons sur la forme. L'histoire, elle, est assez gentillette, un rien cul-cul. Un gros rien quand même. Mais pas mal menée à vrai dire, on s'y prend complètement, ou presque. Et juste au moment où elle commence à vraiment partir, à se plonger dans ses nœuds, le livre s'arrête brusquement. Les thèmes abordés à propos du Japon, sa société, le mouvement de modernisation et de grande ouverture à l'époque qui s'amorce, la transition (déchirure ?) entre tradition et modernité occidentale sont très intéressants, ou en fait, pourraient l'être s'ils étaient plus profondément et surtout plus longuement abordés. C'est dommage, parce que l'histoire et les personnages portaient bien ce thème, ça aurait pu être très très bien. Alors même que ce sujet ne m'intéresse pas particulièrement, le livre nous prend et nous porte à nous y intéresser, ça commence plutôt bien ! Mais voilà, j'ai trouvé ce livre beaucoup trop rapide. Pour tout dire, en le refermant j'ai cherché s'il était fait mention d'un tome deux ou quoi que ce soit, mais non. Je trouve que c'est un demi roman, on en attend plus, à tous les niveaux. Verdict : trop rapide ; soit je suis passé à côté de ce roman, soit c'est lui qui est passé à côté de son sujet.
À vous de me dire.


Lundi 2 novembre 2009 à 17:18


Mes lectures stagnent légèrement en ce moment, faute de temps, mais si je viens poster un article aujourd'hui, c'est pour signaler qu'il y a un an environ, je râlais en disant en substance : "Grmlb, non mais bordel, qu'est ce qu'ils attendent au Goncourt, ils filent le prix à n'importe qui alors qu'il y a des écrivains qui le méritent mille fois et qui l'ont pas, comme Marie NDiaye, voilà, elle elle devrait l'avoir". Hé bien il faut croire que le jury du Goncourt me lit (ça ne fait même aucun doute) puisque Marie NDiaye a reçu le prix Goncourt aujourd'hui. Encore une raison de la lire, alors encore une fois je ne le répèterai jamais assez, précipitez vous chez votre libraire pour acheter ses œuvres !
 

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