des-mots-sans-bruit

(biblio-blog)

Vendredi 5 juin 2009 à 15:27

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Georges Perec, Les choses.

Un livre court mais pourtant pas léger. L'histoire d'un couple dans sa quête du bonheur, mais leur idée du bonheur est assez confuse et surtout éternellement insatisfaisante puisque fortement liée aux choses, sous lesquelles ils se noient, étouffent au lieu d'être heureux. Ils se laissent embarquer par une conception un peu simple du bonheur, qui occulte beaucoup de ses dimensions, mais le livre n'est pour autant pas une vrai critique de la société de consommation, de la soif de posséder, enfin en tout cas moi je ne trouve pas, ça n'est pas une dénonciation du système mais simplement un exemple d'une idée fausse ou incomplète du bonheur. Le vrai problème des personnages, c'est qu'ils sont des forces désirantes mais non agissantes. Ils tendent vers un but mais ne font rien pour l'atteindre, car ils veulent avoir la ligne d'arrivée sans avoir à faire le parcours. Ils ne voient pas le bonheur où il faudrait, ils ne pensent pas la vie comme une randonnée, c'est à dire quelque chose dont l'intérêt et la saveur se situe non pas dans la destination mais dans la marche et les endroits qu'on traverse. Pour eux, le bonheur est un point fixe, un état précis, et ce qui mène à lui n'en fait pas partie, c'est un aboutissement. Et surtout, ce but semble si loin, si difficile à atteindre que ça donne le vertige aux personnages qui se sentent impuissants, et, écrasés par ce sentiment d'impuissance, le deviennent. Alors nécessairement, avec une conception comme celle là, fixe, lointaine et essentiellement liée aux choses, ils ne peuvent qu'être frustrés, et ils en arrivent même, à un moment à perdre leur force de désir, seule à les animer, pour devenir eux même des choses. Finalement, lorsqu'enfin ils parviennent à ce à quoi ils aspiraient, leurs souvenirs heureux vont vers la période de leur vie la plus éloignée de ce but vers lequel ils tendaient, vers cette route qu'ils voulaient n'avoir pas à parcourir, qui leur semblait impossible.
C'est un livre assez facile à lire contrairement à ce que laissent supposer les premières pages auxquelles il ne faut surtout pas s'arrêter et qui prennent vraiment tout leur sens avec le roman, c'est un livre qui donne à réfléchir et qui met dans une certaine mesure face à soi même le lecteur, bref, c'est un livre qu'il faut vraiment lire, quitte à sauter quelques ligne au début si vous voulez. Il vaut le coup de s'accrocher un peu (et tellement peu) pour ceux qui auraient du mal avec le style, en plus d'être réellement agréable à lire, c'est un de ces livres qui apportent quelque chose. Ce qui peut se résumer par "un bon livre" en fait, tout simplement.

à vous de parler !

quelque chose à dire ?

Par Akkantha le Vendredi 18 décembre 2009 à 23:55
Ca a pas grand chose à voir avec l'intérieur du livre, mais sur la couverture ça serait pas du Matisse ? J'ai déjà vu ça quelque part...
Par pelote le Dimanche 17 janvier 2010 à 19:31
Je tombe sur cet article un peu par hasard et je n'en reviens pas. Ca me fait drôlement écho, et je me demande bien comment ça se fait que je ne l'ai pas commenté plus tôt !
Cette idée de la vie comme une randonnée, je l'utilise souvent tant l'idée de chemin est utile pour parler du parcours de vie. (et puis en ce moment je me questionne énormément sur les choix directionnels de nos chemins, mais bon, on s'en fout hein ^^) Et puis là où je suis étonnée, c'est qu'hier soir, j'ai passé plusieurs heures à discuter avec une amie, et nous parlions de ça, d'avoir et d'être, et qu'on se trompait obstinément d'auxiliaire, alors que l'essentiel au fond c'était peut-être pas tant ce qu'on avait mais plutôt ce qu'on se donnait à être. Et c'est une conversation qui dure, tu sais, de celles qu'on avait déjà eu plusieurs fois, et qu'on reprend jusqu'à dans quelques mois, pour dire les mêmes choses mais autrement et se laisser surprendre à trouver un autre fil à dérouler à partir de là. Souvent j'ai l'impression qu'on se démène comme des fous à faire, à avoir, comme si on était rassuré en se disant j'existe parce que j'ai tel diplôme ou j'existe parce que je possède tels objets et que pour vivre il me faut ça, il faut avoir fait ça. Et souvent, sans bien comprendre pourquoi, j'ai l'impression de me tromper magistralement et de ne pas mobiliser mon énergie pour ce qui est vraiment important (je passe du "on" au "je" parce que je ne suis pas assez sûre de moi pour dire ça au nom de tous.). Excuse-moi, je pars un peu loin, et je ne sais pas si ce livre de Georges Perec fait écho à ces idées là, si quand tu dis qu'il met face à soi il nous renvoie un peu de ces questions là entre être, faire et avoir. Je ne sais pas, mais je sais que ton article sur ce livre m'y renvoie. Et je souris d'être venue ici et d'avoir farfouillé dans les archives un peu par hasard. Et il va sans dire que tu m'as donné envie de le lire, ce livre.
Par versager le Samedi 19 juin 2010 à 16:21
Magritte plutôt non ?
Je pense, oui, mais je n'ai pas le livre sous la main pour vérifier en ce moment.
Par versager le Samedi 19 juin 2010 à 16:24
Si si, ça y fait tout à fait écho. Et je pense que tu peux garder le "on", ça nous représentera au moins nous.
Par example of a dissertation le Mercredi 25 avril 2012 à 8:51
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quelque chose à dire ?









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