Herman Melville, Moby Dick.
Stop. J'ai abandonné le livre. C'est rare, très rare, mais là, non. J'allais partir en voyage et n'avais ni le temps ni l'envie de le finir avant le départ, je savais que ça serait pire encore après le retour, donc j'ai abandonné. Je partais pourtant avec un a priori très positif, je m'imaginais un roman d'aventure agréable, bien écrit, avec l'intérêt de la torture mentale d'Achab, son obsession qui se développe et finit de la façon qu'on sait. Autant dire que j'ai été déçu. Je ne m'attendais déjà pas à une narration à la première personne à vrai dire. Ça m'a un peu déstabilisé mais je me suis dit "pourquoi pas, voyons voir comment il va s'en tirer avec ça, ça peut être intéressant". La réponse est simple : il ne s'en tire pas. Melville ne tient pas sa première personne tout le temps, il s'en éloigne par moment en la fondant dans une sorte de narrateur omniscient et souvent clairement associé à l'auteur, ce qui ne donne pas une impression de changement perpétuel et bénéfique de point de vue mais au contraire d'empilements de récits mal raccordée et aux fonctions diverses : raconter l'histoire du point de vue d'un personnage, s'en détacher puisque cette dernière n'a en fin de compte aucun intérêt, étaler sa science de façon rébarbative informer le lecteur (sur des sujets dont il n'a que faire). Vous l'aurez compris, c'est pénible. Tout le long, on a l'impression que l'auteur accumule les détails et anecdotes pour faire "couleur locale", il aimerait beaucoup avoir l'air, mais à force d'entasser les chapitres entiers dans ce but, il souligne l'évidence : ça n'est qu'un décor en carton, et encore, de mauvaise qualité. C'est très lourd, le début surtout, les chapitres se suivent et ne sont là que pour montrer au lecteur des scénettes qui se veulent sans aucun doute savoureuses. A ce sujet aussi le livre m'a posé problème : l'humour. L'écriture est parfois tellement grotesque que je me dis que c'est du second degré, c'est de la parodie de roman classique. Pourtant je n'en suis jamais certain tellement le reste colle au roman classique. Certains passages sont écrit de façon très ambiguë et je ne sais pas s'il convient de rire de l'anecdote que rapporte l'auteur ou de la façon dont il la rapporte ou encore du fait qu'il la rapporte, et au final on ne rit de rien tant ce qu'on a sous les yeux est navrant. Il ne parvient même pas à créer une tension, il détruit toute la curiosité que le lecteur pourrait avoir, l'envie de lire la suite. Et entre les chapitres où il ne se passe absolument rien, il assène à son lecteur des extraits d'encyclopédies et comptes rendus scientifiques sur ce dont il parle et des exercices d'admiration d'un ton très convenu sur la mer, la vie à bord, la chasse à la baleine et autres réjouissances bien lourdes. Là encore je n'arrive pas à comprendre quand c'est ironique ou non, je n'arrive pas à choisir de façon sérieuse ou au second degré. Et puis dernière chose avant de conclure : l'écriture. Si le roman est bien traduit, alors Melville a une écriture détestable, d'une lourdeur sans nom, sans charme, mauvaise en un mot. Mais j'ai vu que, sur mon édition, Jean Giono avait participé à la traduction. Alors peut être simplement que ça vient de là, si il s'est employé à retravaillé la langue pour lui donner plus de poésie en français il ne serait pas surprenant qu'il ait massacré l'œuvre originale vu qu'il écrit lui même de façon tout à fait insupportable. Donc je ne sais pas à qui la faute, il faudrait que je sois capable de lire l'anglais pour juger, mais, ayant lu une grosse moitié du bouquin, je suis en mesure de dire que même si j'étais capable de lire en anglais, je n'irais sûrement pas vérifier que ce roman est tout aussi ennuyeux que sa traduction. A ne lire que si vous souffrez d'insomnies intraitables ou que vous aimez les mauvais romans légèrement ridicules et largement vieillis.