des-mots-sans-bruit

(biblio-blog)

Lundi 5 avril 2010 à 18:22


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E. Rostand, Cyrano de Bergerac

Ça faisait un certain temps que ce livre était dans mon effrayante pile à lire sans que je l'ai commencé. J'attendais que le moment soit venu. Alors quand, la semaine dernière, je me suis retrouvé comme un crétin devant un extrait crucial de l'acte cinq en colle d'explication de texte avec deux heures pour le préparer avant de passer devant la classe alors que je ne savais à peu près rien du livre, je me suis dit que ça y était, le moment était venu de le lire, et même il était un peu passé; ça aurait pas été mal que je m'y prenne quelques jours plus tôt.
Je ne connaissais que peu de choses, en gros de ce livre. La tirade du nez, et puis le principe de l'amoureux par procuration, car quand même, j'ai un minimum de culture... que j'ai acquise en jouant comme un abruti à Baldur's Gate II, vous savez, devant le bâtiment des paladins dans le quartier du temple, ils reprennent Cyrano sans le nommer avec deux personnages qui servent à rien du tout qui draguent la garde à l'entrée... bref.
Cette idée assez vague de l'œuvre ne pouvait pas me suffire et il était grand temps que je lise la pièce qui est quand même un grand incontournable de la littérature française, d'autant que quelqu'un à qui je tiens beaucoup me l'avait désignée comme étant sa pièce préférée. Ainsi donc, je m'y suis mis avec un a priori plutôt positif. Et celui-ci n'a pas du tout été déçu. Je n'irai pas jusqu'à dire que c'est ma pièce préférée, non, mais c'est une lecture très agréable sans aucun doute.
La pièce est en alexandrins, mais ça ne se voit presque pas, le jeu sur le vers est tel, il est tellement découpé, divisé en stichomythies hyper dynamiques (Trois Y en trois mots, c'est quand même pas courant !) qu'on ne se rend plus compte même que c'est des vers, ou du moins la plupart du temps, car la poésie reste, le jeu sur les rimes, le rythme de la parole, la beauté des tirades, cette écriture, vraiment, est magnifique. La virtuosité et la splendeur de la langue, la verve de Cyrano, sont extrêmement plaisants. L'action est très drôle et très triste, on est ému de toutes les façons, et si par moment on a l'impression qu'il en fait trop, ça fait tout à fait partie de la pièce, du personnage, c'est franchement très très bon, d'une beauté dingue, à tous les niveaux. On y croise des personnages comme en guest star, des clins d'œil qui vous font sourire, même si celui à propos du livre sur les états et empires de la lune est un peu trop appuyé à mon avis, des personnages à ne plus savoir qu'en faire, comme le personnage éponyme, c'est excessif et pourtant délicieux, on est charmé par tout, tout ce qui nous est montré, et d'autant plus touché par le dénouement. Une pièce superbe, très courte, trop même je trouve, j'en voudrais encore, vraiment, mon seul regret est de ne pas l'avoir lue plus tôt, ça m'a manqué, mais cette histoire me faisait peur.

Si je devais résumer en une seule phrase, ce serait : "A lire absolument et sans attendre !"

Et c'est un tel bonheur à lire que ça doit être quelque chose de jouissif à voir, si c'est monté par une bonne troupe surtout. Ce qui tombe plutôt bien puisqu'un petit théâtre parisien va le jouer bientôt (d'ici cet été en tout cas, je ne sais plus bien quand), la Comédie Française je crois qu'il s'appelle, ce petit théâtre, c'est juste à côté d'un espèce de gros bâtiment avec un jardinet devant, vous savez, le Louvre là. J'adorerais aller le voir, et je compte d'ailleurs bien le faire, quitte à ce qu'on prenne les places à 10 euros, dans le poulailler d'où on ne voit rien, c'est pas grave, je prendrais mes jumelles, mais vraiment, ça doit valoir le coup. Très bon choix de pièces cette année à la Comédie d'ailleurs. Ah ! si j'avais des sous...
Mais si vous en avez vous, même pas beaucoup, n'hésitez surtout pas à aller voir Ubu roi par exemple, qu'ils rejouent cette année (que j'ai également eu à commenter en classe tiens), qui est vraiment terrible, hilarant et formidable, vous passerez une super soirée, même si vous êtes de passage à Paris seulement, ça vaut le coup de regarder ce qui se joue, c'est une sortie qui vaut largement le coup, plus en tout cas qu'un "Paris by night" en bâteau mouche !
 

Lundi 5 avril 2010 à 17:28


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Colette, Chéri.

C'est donc après avoir lu les deux précédents livres dont j'ai parlé que j'ai ouvert celui-ci. Et ce faisant, je me suis dit que vraiment, je n'avais pas de chance avec les livres en ce moment, que décidément, le sort s'acharnait cruellement contre moi en me faisant piocher trois livres plutôt mauvais à la suite.
En effet, le début est plutôt banal, limite désagréable, pas autant cependant que les deux personnages qui ont sans doute dû être provocants à une époque mais qui ont bien vieilli, tant dans la situation décrite que dans les attitudes, et puis c'était long, et je trouvais que l'écriture n'était pas du tout originale, leur histoire ne m'intéressait pas du tout, bref, ça ne partait pas bien ! Et pourtant, j'ai bien fait de ne pas me décourager puisque (à mon goût), le court roman s'améliore au fur et à mesure pour finir par être carrément très bien ! La seconde partie m'a beaucoup plu, les personnages ont évolués de façon très intéressante, et, peut être parce qu'ils avaient à ce moment été bien construits et posés dans un cadre, le rythme s'est accéléré, le roman s'est re-concentré sur ce qui était important et intéressant, avec l'absence très bien faite j'ai trouvé, bref, le début un peu pénible s'est trouvé oublié et justifié par la suite du roman. Il n'est sans doute pas révolutionnaire dans son propos, cette petite histoire gentillette (qui ne l'est finalement pas tant) et dont la fin est carrément attendue avant même qu'on ouvre le livre, et je dois dire que le style non plus ne m'a pas frappé dans un sens ni dans l'autre, mais ce livre m'a, finalement, beaucoup plu, j'en ai retiré une bonne impression globale, une fois que j'ai réussi à entrer dedans, il a été plutôt efficace, et je regrette même que ce soit si court, il y aurait eu de quoi doubler le volume de ce livre si fin sans que ça soit trop lourd.

Du coup, je pense et espère trouver bientôt Sido du même auteur, (ça tombe bien, c'est la saison des brocantes qui recommence) dont j'ai vu que Simone de Beauvoir disait le plus grand mal, ce qui ne peut être que bon signe à mon avis.

J'en profite au passage pour conseiller la lecture des lettres de ladite Simone (ça s'appelle Lettres à Sartre je crois) à l'autre là, Sartre. Quand une amie a proposé de me le prêter, j'ai dit "Boh, moi, tu sais, j'en ai rien à battre, et en plus, les correspondances, ça m'a toujours profondément fait chier, alors quand par dessus le marché c'est entre des trous du cul..." exprimant ainsi de façon, il est vrai, peu délicate, mais toutefois très expressive le peu d'intérêt que la perspective d'une telle lecture suscitait chez moi. Elle a cependant tenu à me le prêter, et je dois dire que j'ai été agréablement surpris. Ça se lit très bien, comme un roman, le fait qu'on ait dans ce livre les lettres que dans un sens est très intéressant je trouve (d'autant que ça nous évite le supplice de lire l'affreuse prose de Sartre), on avance sans s'en rendre compte, c'est vraiment très bien, très prenant, je ne m'y attendais pas. Donc allez y jeter un œil si il tombe à portée de votre main.

Dimanche 4 avril 2010 à 13:28


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Carlos Ruiz Zafon, L'ombre du vent.

Ce livre était celui que je réservais pour le premier moment de détente qui suivrait le rush que je subissais ; j'avais envie d'une lecture légère, bien romanesque, agréable et captivante. Autant le dire tout de suite : j'ai été plutôt déçu. La toute première chose qui m'a frappé au début du livre, c'est la platitude de l'écriture qui va jusqu'à la grossièreté dans ses procédés extrêmement simples, ses images plus que banales, son manque d'originalité qui me donnait un peu l'impression d'être encore en stage avec mes 3èmes à corriger les copies du brevet blanc. A vrai dire, c'était tellement inepte que j'ai été jusqu'à penser que c'était fait exprès pour coller au personnage principal qui, à ce moment découvre tout juste la littérature et tente d'écrire en vais puisque tout ce qu'il fait est plat, bourré de clichés et prétentieux. Malheureusement, ça continue dans tout le bouquin, formules convenues, personnages types, situations façon téléfilm sur NT1, bref, difficile d'accrocher.
Et pourtant, ce livre arrive parfois à nous surprendre. Pas dans l'intrigue, non, ça certainement pas. Encore que si remarquez, à plusieurs reprises je me suis étonné que l'auteur ose nous servir des clichés énormes, qu'on sentait tellement venir depuis 95 pages qu'on se disait que non, c'était tellement gros et ridicule que c'était forcément une fausse piste ; et non ! Mais sinon, paradoxalement, je disais qu'il parvient à étonner en cela que par moment, pour quelques pages, ça fonctionne. A certains moments ponctuels, on arrive à être un peu pris dedans, à se laisser entraîner, mais, pour mon cas, cet effet représente je pense moins d'un tiers du livre. L'intrigue est un peu épaisse, à la première apparition du personnage sensé être mystérieux on se dit "oh, ça, pas de doute, c'est en réalité ***" et ça ne loupe pas. Les découvertes et tentatives de rebondissements successifs ne font durer l'histoire que très artificiellement, ça ne tient pas debout, on y croit pas du tout, le héros, Daniel n'est pas sympathique, ni crédible, mais je dois quand même dire que j'ai vu des personnages moins bien construits et amenés. Le personnage de son ami, sensé, un peu comme le génie d'Aladin (version Disney bien sûr), être le personnage à la fois rigolo, toujours sympa, qui connaît toutes les solutions, peut se sortir de tout mais en même temps a sa personnalité et ses tortures propres, ce perso donc est antipathique au possible à force d'être aussi artificiel. Je passe sur les autres qui ne valent pas mieux, mais le pire, là où vraiment on touche le fond, c'est évidemment le personnage du Méchant qui est franchement risible et qui à lui seul a failli me faire lâcher le livre tellement c'est ridicule.
Alors pourquoi, comme je l'ai dit, certains passages fonctionnent ? Je ne saurais le dire, mais malgré tout ce que je viens de dire, il y a des moments où ça s'oublie, où on réussit à se mettre dedans jusqu'à un certain point, et ça fait que ce livre est lisible, que son volume passe même s'il pourrait être réduit d'un tiers. Quand même, c'est dommage, je pense qu'il aurait été possible de faire quelque chose de tout à fait formidable avec cette histoire si c'était fait de façon plus fine, plus approfondie, et surtout avec une écriture beaucoup plus littéraire que celle là qui ressemble à un script de téléfilm des vacances.
 

Dimanche 4 avril 2010 à 12:56


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 François Cheng, le Dit de Tian-yi

Cela vient probablement aussi du fait que le temps commence à devenir un luxe, mais j'ai de moins en moins de scrupules à laisser tomber un livre qui m'ennuie trop. J'y laisse un bout de papier déchiré à la page à laquelle je me suis arrêté pour que, si un jour je le reprends, je me souvienne à quel moment j'ai abandonné (il m'est déjà arrivé de lire deux fois un livre, tellement insignifiant que je ne me suis rendu compte que dans les dernières pages que je l'avais déjà lu) et je le range dans ma bibliothèque. Quand il est à moi, évidemment, je ne vole pas de livres. Ou enfin peu.
Bref, vous l'aurez compris, j'ai abandonné ce livre de François Cheng, qui pourtant est un auteur qui m'a beaucoup intéressé dans d'autres ouvrages. Peut être est-ce la fiction qui ne convient pas à son écriture (selon mon goût, évidemment. cf: premier article).

Dès le début, l'écriture a entamé mon a priori positif par rapport à ce livre. Mais l'histoire elle même n'avait alors pas réellement commencé, je me suis dit que ça passerait, surtout que ce début était plein de promesses. Et puis non. Je trouve l'écriture vraiment marquée par les essais, et ça ne convient pas au roman, ça l'allonge inutilement et l'alourdit. La vision rétrospective de sa propre vie qu'est sensé avoir le narrateur n'est pas du tout réaliste, elle est montrée comme elle le serait par un narrateur externe et quasi omniscient alors que justement c'est ce qui m'aurait pas mal intéressé là dedans, voir comment il se sort du récit d'un vieux "fou" qui ne l'a justement pas toujours été, si il dresse, ce qui serait logique dans la forme du récit rétrospectif, une vision du Moi passé reconstitués par le Moi présent et dans laquelle le lecteur donc ne saurait pas discerner ce qui est vrai de ce qui est reconstitué a posteriori, ou alors si, en s'éloignant de la forme qu'il avait choisi, il allait nous montrer l'évolution du personnage, ce de quoi on est plus proche, mais de façon tellement diluée ! Et les aspects documentaires, purement culturels, même si tout à fait à propos et jouant quand même un peu un rôle, sont vraiment lourds et artificiels dans le récit. Comme je le dis, on dirait que le personnage narrateur est devant ce qu'il observe pour la première fois, avec toutes ses émotions et remarques intactes alors que l'écriture est sensée se faire une grosse cinquantaine d'année plus tard. Il n'y a pas de trous, pas de flous, pas d'ellipses, rien. Alors en plus de ça et l'écriture qui m'ennuyait profondément, ajoutez une histoire très inégale, qui se déroule comme à côté d'un narrateur auquel on ne croit pas vraiment, qui ne présente pas de tension particulière, et vous comprendrez pourquoi, après m'être plusieurs fois endormi sur ses pages, j'ai laissé tomber le bouquin. Dommage, le projet était sympa dans l'idée, et je soupçonne surtout que ça s'améliore au fur et à mesure pour devenir passionnant à la fin. Mais comme à la moitié passée ça n'étais toujours pas le cas, il attendra quelques années dans les rayons de ma bibliothèque que je le reprenne un jour, car je continue à croire qu'il peut être très intéressant.
 

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