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(biblio-blog)

Vendredi 1er janvier 2010 à 15:29


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Marie NDiaye, Rosie Carpe.

J'avais commencé ce livre, alors emprunté à la bibliothèque, il y a un peu plus d'un an. Malheureusement, j'avais été contraint de l'abandonner devant des obligations scolaires de plus en plus pressantes et envahissantes. Je m'y relance donc. Aux premiers mots, je me suis assez bien souvenu de l'histoire, de l'ambiance et du style, et c'est aussi pour ça que je ne l'avais pas continué à l'époque en le lisant par exemple dans le train le matin et le soir ; c'est un livre difficile. Le style de Marie NDiaye, sublime mais dur y est très présent, ça n'est pas d'une fluidité facile d'accès, elle retarde toujours les événements par des phrases longues, la syntaxe met comme des obstacles sur le déroulement de la phrase, qui retardent le lecteur dans sa recherche de l'information, et quand celle-ci arrive, elle est incertaine, prise dans une sorte de brouillard épais. Alors à la phrase suivante, et dans tout le paragraphe, on essaye de se rapprocher, on tourne autour de la chose en avançant peu à peu, mais jamais de façon frontale. Bien sûr, ça peut paraître désagréable comme écriture, très étrange, mais si on se donne la peine d'essayer, même si vraiment on ne s'y fait pas, en faisant l'effort d'aller jusqu'au bout, je pense qu'on ne peut que se rendre compte que cette écriture difficile est formidable, d'une beauté et d'une richesse infinie. Les thèmes de l'auteur sont là : Famille, une certaine dévoration, recherche de soi, et perte aussi, l'étrange. Avec tout ça, vous vous en doutez, l'atmosphère est assez spéciale, glauque, étrange, tout est incertain, brumeux, on dirait presque crasseux, on ressent comme quelque chose d'avilissant, menaçant et honteux ; c'est très très fort, très puissant ce qui est créé par cette écriture, parfois carrément dur à lire, on a pas envie de lire le mot qui suit, c'est une répulsion presque physique, et pourtant, on continue, parce que, parce que je ne sais pas, mais il y a une sorte de charme qui nous tient, on est accroché au texte. C'est un texte qui touche, qui entre en nous, parfois affreusement.
L'histoire est celle d'une femme, Rosie Carpe, racontée d'une façon non linéaire (mais presque). On apprend à connaître sa vie, comment elle est arrivée là où on la voit quand on ouvre le roman, puis ce qui se passe ensuite pour elle et les siens. C'est aussi une histoire de famille. Terrible, douloureuse à lire, monstrueuse et étrange encore. Les points de vue varient aussi entre plusieurs personnages, principalement Rosie et Lagrand, dans un passage qui peut sembler surprenant quand il se produit, mais est en réalité tout à fait bienvenu. Les personnages sont différents, absolument différents, mais le fait de passer de l'un à l'autre ne change en rien l'écriture ou la façon d'envisager et de dire le monde, on reste dans le même univers, souvent oppressant, gélatineux, décrit avec une force à nulle autre pareille. Je m'attendais à une fin plus brutale, simple (et quelque part décevante), mais jusqu'au dernier mot, on ne sait pas où on va, on avance dans quelque chose qu'on ne connaît pas, qu'on ne comprend pas vraiment, qu'on cherche à interpréter en se demandant toujours si on a raison, si il y a des liens, si on peut comprendre des choses, l'auteur crée chez le lecteur par rapport au livre la même attitude qu'ont ses personnages par rapport à la vie. D'une force, d'une efficacité peu commune, c'est dur, dérangeant, douloureux, mais superbe, incroyablement bien écrit. J'ai beau aimer beaucoup Marie NDiaye et m'attendre au meilleur en ouvrant un de ses livre, il est encore possible de prendre des baffes comme celle là, d'une prodigieuse puissance, d'être encore étonné et sonné par ses livres, par à la fois le style, l'histoire et l'univers particulier, de façon homogène, sans qu'on puisse dire ce qui est le plus important. Incroyable.

à vous de parler !

quelque chose à dire ?

Par versager le Vendredi 1er janvier 2010 à 15:35
Et c'est vrai que ce que je dis, que c'est difficile, que c'est douloureux, étrange, que l'écriture est lente et parfois sèche, qu'on ne comprend rien de façon certaine, tout ça peut sembler négatif, peut entrainer mon lecteur à se dire "Oooh, ben ça a l'air top dis donc... je vais peut être éviter ça hein..." mais ça serait vraiment dommage, parce qu'il manquerait alors un chef d'œuvre et parce qu'il faut un peu lire autre chose que Arlequin, le club des cinq et des contes fantastiques stupides dans la vie bordel, c'est pas en lisant uniquement de petites histoires sages, bien gentilles et sans fond qu'on va aller bien loin !
Par Raison-et-sentiments le Vendredi 1er janvier 2010 à 18:22
J'ai acheté La sorcière, et euh ... j'ai été reconduite à la frontière à la première page.
Cependant je ne désespère pas de parvenir à entrer un jour.
Par versager le Vendredi 1er janvier 2010 à 22:15
Aaaah, oui, la sorcière, pas évident hein ? C'est le premier roman d'elle que j'ai lu, et j'ai adoré, même si moi aussi, j'ai eu beaucoup de mal à entrer dedans. Parmi les gens à qui je l'ai prêté après, les avis sont partagés : il y a celles qui ont trouvé ça formidable et celles qui n'ont jamais réussi à réellement être prises par l'écriture. C'est vraiment pas le plus simple.
Par versager le Vendredi 1er janvier 2010 à 22:20
Marie NDiaye, il faut commencer par son théâtre. Si j'avais commencé direct par La Sorcière, je crois que je ne me serais pas accroché, je l'aurais refermé. Mais comme ses pièces m'avaient stupéfait, j'ai persévéré.
Par pelote le Samedi 2 janvier 2010 à 10:55
Je suis à la fois étonnée et à la fois ça-m'étonne-pas-!-de-Marie-NDiaye-!-bien-que-je-n'ai-lu-qu'un-roman-d'elle, de retrouver dans ton article un fort sentiment de familiarité avec ce que j'ai ressenti en lisant Mon coeur à l'étroit (fiou rien que ce titre! je ne me remets pas qu'on puisse trouver un titre si exact à une expérience de lecture, comme si elle ne l'avait pas écrit mais lu, son livre!). Je pourrais te faire la liste de tous les mots que tu viens d'écrire et qui sont ceux que j'ai pu ressentir. Mais je m'abstiens, heureusement. Cela dit, je me dis pour autant que quelque chose fait que c'est-pas-comme-avec-Mon-coeur-à-l'étroit, que c'est juste par écho que ça m'est familier, et je ne serais pas étonnée si en lisant, un jour qui sait ? , Rosie Carpe, je me prenais des baffes au visage à mon tour. Et puis sinon, j'ai été TRES sensible à cette phrase de ton article: "l'auteur crée chez le lecteur par rapport au livre la même attitude qu'ont ses personnages par rapport à la vie" !ti en lisant Mon coeur à l'étroit (fiou rien que ce titre!je ne me remets pas qu'on puisse trouver un titre si exact à une expérience de lecture, comme si elle ne l'avait pas écrit mais lu, son livre!).
Par Elora le Mardi 5 janvier 2010 à 15:59
Coucou,
J'ai crée un annuaire littéraire qui a pour but de réunir les amoureux des mots, lecteurs comme écrivains (les galeries textuelles, les blogs textuels et autres fictions).
Si le cœur t'en dit, pour être répertorier, il suffit de m'envoyer le formulaire ci-dessous par messagerie Skyrock (lien sur le premier article.) :

Adresse du blog & date de création
Nom ou pseudo du webmaster.
Un exemple d'article (avec un lien ^^)
Âge (facultatif)
Photo (facultatif)
+ tout autre précision, texte de présentation..

Amicalement,

Marie
 

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