des-mots-sans-bruit - (biblio-blog)http://des-mots-sans-bruit.cowblog.frTant de pages parcourues ! Consigner ici mes avis et impressions sur les livre lus empêchera leur effacement progressif dans les brumes épaisses de ma mémoire, et, accessoirement, me permettra d'inspirer des envies de lectures à certains, ou élargir mes opinions sur des livres en les confrontant à celles des autres lecteurs.CowblogfrSun, 24 Oct 2010 18:16:05 +0200180http://des-mots-sans-bruit.cowblog.fr/tous-mes-amis-marie-ndiaye-3051779.htmlTous mes amis, Marie NDiaye. http://www.images-chapitre.com/ima3/original/957/1173957_3104440.jpg
Marie NDiaye, Tous mes amis.

Ce livre présente un groupement de récits courts, assez différents les uns des autres, mais tous aussi impressionnants. L'écriture de Marie NDiaye y est très présente, d'une force effrayante. On y retrouve ces ambiances étranges, déroutantes et souvent malsaines, délicieusement oppressantes. Les nouvelles ne se valent à mon avis pas toutes, mais l'ensemble est quand même très bon, il ne faut surtout pas s'arrêter à la première, sans doute la plus déroutante, et peut être la plus aride, mais en tout cas du pur Marie NDiaye. J'aime décidément beaucoup cet auteur. Quand à ce dont parlent ces nouvelles, je n'en dirai rien, ce n'est pas réellement ce qui compte au fond, ou plutôt, je préfère ne pas résumer parce que ça donnerait une image du livre beaucoup trop réduite, trop loin de ce qu'il est et qui dépasse tellement le résumé de l'intrigue. Un livre à lire tout de suite pour ceux qui aiment cet auteur, vous ne serez pas déçus, on la retrouve tout entière dans ces quelques pages. NDiaye est peut être encore meilleure dans la forme brève que dans le roman, exception faite de Mon coeur à l'étroit, qui est incroyable. La maitrise du récit court est parfaite, vraiment, je ne m'en remet pas de ce livre !

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http://des-mots-sans-bruit.cowblog.fr/commentaires-3051779.htmlSun, 24 Oct 2010 18:16:00 +0200http://des-mots-sans-bruit.cowblog.fr/tous-mes-amis-marie-ndiaye-3051779.html
http://des-mots-sans-bruit.cowblog.fr/hamlet-shakespeare-3050554.htmlHamlet, Shakespeare. 

http://www.librio.net/docs/Albums/32081/9782290335291.jpg            
W. Shakespeare, Hamlet.
                      
En avril dernier, il m'est soudain apparu comme évident que je ne pouvais pas me pointer comme ça, tranquillement, me balader dans les superbes salles du château d'Hamlet sans avoir jamais lu la tragédie de Shakespeare et n'en connaissant que l'histoire rapportée par le guide touristique, gros inculte que je suis. Je me mis donc en urgence à la lecture du livre qui croupissait parmi tant de ses semblables dans mon épaisse et effrayante pile de livres à lire. Je n'étais plus à une urgence près, loin s'en faut, et puis celle là avait pour elle d'être agréable au moins.
L'intrigue m'était connue dans ses très grandes lignes, elle n'est pas tellement importante en fin de compte. Ce qui est intéressant, c'est de voir ce qu'en fait le tragédien, et ça, avec Will, j'avais confiance. D'ailleurs, j'avais raison. Tout y est (évidemment) parfaitement maîtrisé, on est assez captivé malgré quelques petites longueurs à l'écrit, mais qui disparaissent si on imagine la pièce jouée.
Le style de l'auteur est souvent prétentieux, et même lourd, mais ce qui est formidable, c'est que ça marche quand même. Et terriblement bien à vrai dire.
Même si cette pièce n'est sans doute pas ma préférée, c'est du très grand Shakespeare : politique, amour, théâtre, merveilleux, famille, trahison, et surtout folie, tout y est présent et fantastiquement développé. La dernière de ses pièces que j'avais lue m'avait un peu fâché avec cet auteur, elle m'avait beaucoup déçue, alors celle là fut un grand plaisir. Vraiment agréable, pour peu qu'on fasse l'effort de l'imaginer sur scène, d'une beauté époustouflante, comme toujours. Sa réputation, il ne l'a clairement pas volée. Une pièce à lire sans hésitation ni peur devant le monument.
 
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http://des-mots-sans-bruit.cowblog.fr/commentaires-3050554.htmlWed, 20 Oct 2010 16:00:00 +0200http://des-mots-sans-bruit.cowblog.fr/hamlet-shakespeare-3050554.html
http://des-mots-sans-bruit.cowblog.fr/cyrano-de-bergerac-edmond-rostand-2983542.htmlCyrano de Bergerac, Edmond Rostand.
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E. Rostand, Cyrano de Bergerac

Ça faisait un certain temps que ce livre était dans mon effrayante pile à lire sans que je l'ai commencé. J'attendais que le moment soit venu. Alors quand, la semaine dernière, je me suis retrouvé comme un crétin devant un extrait crucial de l'acte cinq en colle d'explication de texte avec deux heures pour le préparer avant de passer devant la classe alors que je ne savais à peu près rien du livre, je me suis dit que ça y était, le moment était venu de le lire, et même il était un peu passé; ça aurait pas été mal que je m'y prenne quelques jours plus tôt.
Je ne connaissais que peu de choses, en gros de ce livre. La tirade du nez, et puis le principe de l'amoureux par procuration, car quand même, j'ai un minimum de culture... que j'ai acquise en jouant comme un abruti à Baldur's Gate II, vous savez, devant le bâtiment des paladins dans le quartier du temple, ils reprennent Cyrano sans le nommer avec deux personnages qui servent à rien du tout qui draguent la garde à l'entrée... bref.
Cette idée assez vague de l'œuvre ne pouvait pas me suffire et il était grand temps que je lise la pièce qui est quand même un grand incontournable de la littérature française, d'autant que quelqu'un à qui je tiens beaucoup me l'avait désignée comme étant sa pièce préférée. Ainsi donc, je m'y suis mis avec un a priori plutôt positif. Et celui-ci n'a pas du tout été déçu. Je n'irai pas jusqu'à dire que c'est ma pièce préférée, non, mais c'est une lecture très agréable sans aucun doute.
La pièce est en alexandrins, mais ça ne se voit presque pas, le jeu sur le vers est tel, il est tellement découpé, divisé en stichomythies hyper dynamiques (Trois Y en trois mots, c'est quand même pas courant !) qu'on ne se rend plus compte même que c'est des vers, ou du moins la plupart du temps, car la poésie reste, le jeu sur les rimes, le rythme de la parole, la beauté des tirades, cette écriture, vraiment, est magnifique. La virtuosité et la splendeur de la langue, la verve de Cyrano, sont extrêmement plaisants. L'action est très drôle et très triste, on est ému de toutes les façons, et si par moment on a l'impression qu'il en fait trop, ça fait tout à fait partie de la pièce, du personnage, c'est franchement très très bon, d'une beauté dingue, à tous les niveaux. On y croise des personnages comme en guest star, des clins d'œil qui vous font sourire, même si celui à propos du livre sur les états et empires de la lune est un peu trop appuyé à mon avis, des personnages à ne plus savoir qu'en faire, comme le personnage éponyme, c'est excessif et pourtant délicieux, on est charmé par tout, tout ce qui nous est montré, et d'autant plus touché par le dénouement. Une pièce superbe, très courte, trop même je trouve, j'en voudrais encore, vraiment, mon seul regret est de ne pas l'avoir lue plus tôt, ça m'a manqué, mais cette histoire me faisait peur.

Si je devais résumer en une seule phrase, ce serait : "A lire absolument et sans attendre !"

Et c'est un tel bonheur à lire que ça doit être quelque chose de jouissif à voir, si c'est monté par une bonne troupe surtout. Ce qui tombe plutôt bien puisqu'un petit théâtre parisien va le jouer bientôt (d'ici cet été en tout cas, je ne sais plus bien quand), la Comédie Française je crois qu'il s'appelle, ce petit théâtre, c'est juste à côté d'un espèce de gros bâtiment avec un jardinet devant, vous savez, le Louvre là. J'adorerais aller le voir, et je compte d'ailleurs bien le faire, quitte à ce qu'on prenne les places à 10 euros, dans le poulailler d'où on ne voit rien, c'est pas grave, je prendrais mes jumelles, mais vraiment, ça doit valoir le coup. Très bon choix de pièces cette année à la Comédie d'ailleurs. Ah ! si j'avais des sous...
Mais si vous en avez vous, même pas beaucoup, n'hésitez surtout pas à aller voir Ubu roi par exemple, qu'ils rejouent cette année (que j'ai également eu à commenter en classe tiens), qui est vraiment terrible, hilarant et formidable, vous passerez une super soirée, même si vous êtes de passage à Paris seulement, ça vaut le coup de regarder ce qui se joue, c'est une sortie qui vaut largement le coup, plus en tout cas qu'un "Paris by night" en bâteau mouche !
 
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http://des-mots-sans-bruit.cowblog.fr/commentaires-2983542.htmlMon, 05 Apr 2010 18:22:00 +0200http://des-mots-sans-bruit.cowblog.fr/cyrano-de-bergerac-edmond-rostand-2983542.html
http://des-mots-sans-bruit.cowblog.fr/cheri-colette-2983523.htmlChéri, Colette http://www.livredepoche.com/photos-couvertures/LGFLIVREDEPOCHE/2009/9782702488713-G.jpg      
Colette, Chéri.

C'est donc après avoir lu les deux précédents livres dont j'ai parlé que j'ai ouvert celui-ci. Et ce faisant, je me suis dit que vraiment, je n'avais pas de chance avec les livres en ce moment, que décidément, le sort s'acharnait cruellement contre moi en me faisant piocher trois livres plutôt mauvais à la suite.
En effet, le début est plutôt banal, limite désagréable, pas autant cependant que les deux personnages qui ont sans doute dû être provocants à une époque mais qui ont bien vieilli, tant dans la situation décrite que dans les attitudes, et puis c'était long, et je trouvais que l'écriture n'était pas du tout originale, leur histoire ne m'intéressait pas du tout, bref, ça ne partait pas bien ! Et pourtant, j'ai bien fait de ne pas me décourager puisque (à mon goût), le court roman s'améliore au fur et à mesure pour finir par être carrément très bien ! La seconde partie m'a beaucoup plu, les personnages ont évolués de façon très intéressante, et, peut être parce qu'ils avaient à ce moment été bien construits et posés dans un cadre, le rythme s'est accéléré, le roman s'est re-concentré sur ce qui était important et intéressant, avec l'absence très bien faite j'ai trouvé, bref, le début un peu pénible s'est trouvé oublié et justifié par la suite du roman. Il n'est sans doute pas révolutionnaire dans son propos, cette petite histoire gentillette (qui ne l'est finalement pas tant) et dont la fin est carrément attendue avant même qu'on ouvre le livre, et je dois dire que le style non plus ne m'a pas frappé dans un sens ni dans l'autre, mais ce livre m'a, finalement, beaucoup plu, j'en ai retiré une bonne impression globale, une fois que j'ai réussi à entrer dedans, il a été plutôt efficace, et je regrette même que ce soit si court, il y aurait eu de quoi doubler le volume de ce livre si fin sans que ça soit trop lourd.

Du coup, je pense et espère trouver bientôt Sido du même auteur, (ça tombe bien, c'est la saison des brocantes qui recommence) dont j'ai vu que Simone de Beauvoir disait le plus grand mal, ce qui ne peut être que bon signe à mon avis.

J'en profite au passage pour conseiller la lecture des lettres de ladite Simone (ça s'appelle Lettres à Sartre je crois) à l'autre là, Sartre. Quand une amie a proposé de me le prêter, j'ai dit "Boh, moi, tu sais, j'en ai rien à battre, et en plus, les correspondances, ça m'a toujours profondément fait chier, alors quand par dessus le marché c'est entre des trous du cul..." exprimant ainsi de façon, il est vrai, peu délicate, mais toutefois très expressive le peu d'intérêt que la perspective d'une telle lecture suscitait chez moi. Elle a cependant tenu à me le prêter, et je dois dire que j'ai été agréablement surpris. Ça se lit très bien, comme un roman, le fait qu'on ait dans ce livre les lettres que dans un sens est très intéressant je trouve (d'autant que ça nous évite le supplice de lire l'affreuse prose de Sartre), on avance sans s'en rendre compte, c'est vraiment très bien, très prenant, je ne m'y attendais pas. Donc allez y jeter un œil si il tombe à portée de votre main.

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http://des-mots-sans-bruit.cowblog.fr/commentaires-2983523.htmlMon, 05 Apr 2010 17:28:00 +0200http://des-mots-sans-bruit.cowblog.fr/cheri-colette-2983523.html
http://des-mots-sans-bruit.cowblog.fr/l-ombre-du-vent-carlos-ruiz-zafon-2983151.htmlL'ombre du vent, Carlos Ruiz Zafon.
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Carlos Ruiz Zafon, L'ombre du vent.

Ce livre était celui que je réservais pour le premier moment de détente qui suivrait le rush que je subissais ; j'avais envie d'une lecture légère, bien romanesque, agréable et captivante. Autant le dire tout de suite : j'ai été plutôt déçu. La toute première chose qui m'a frappé au début du livre, c'est la platitude de l'écriture qui va jusqu'à la grossièreté dans ses procédés extrêmement simples, ses images plus que banales, son manque d'originalité qui me donnait un peu l'impression d'être encore en stage avec mes 3èmes à corriger les copies du brevet blanc. A vrai dire, c'était tellement inepte que j'ai été jusqu'à penser que c'était fait exprès pour coller au personnage principal qui, à ce moment découvre tout juste la littérature et tente d'écrire en vais puisque tout ce qu'il fait est plat, bourré de clichés et prétentieux. Malheureusement, ça continue dans tout le bouquin, formules convenues, personnages types, situations façon téléfilm sur NT1, bref, difficile d'accrocher.
Et pourtant, ce livre arrive parfois à nous surprendre. Pas dans l'intrigue, non, ça certainement pas. Encore que si remarquez, à plusieurs reprises je me suis étonné que l'auteur ose nous servir des clichés énormes, qu'on sentait tellement venir depuis 95 pages qu'on se disait que non, c'était tellement gros et ridicule que c'était forcément une fausse piste ; et non ! Mais sinon, paradoxalement, je disais qu'il parvient à étonner en cela que par moment, pour quelques pages, ça fonctionne. A certains moments ponctuels, on arrive à être un peu pris dedans, à se laisser entraîner, mais, pour mon cas, cet effet représente je pense moins d'un tiers du livre. L'intrigue est un peu épaisse, à la première apparition du personnage sensé être mystérieux on se dit "oh, ça, pas de doute, c'est en réalité ***" et ça ne loupe pas. Les découvertes et tentatives de rebondissements successifs ne font durer l'histoire que très artificiellement, ça ne tient pas debout, on y croit pas du tout, le héros, Daniel n'est pas sympathique, ni crédible, mais je dois quand même dire que j'ai vu des personnages moins bien construits et amenés. Le personnage de son ami, sensé, un peu comme le génie d'Aladin (version Disney bien sûr), être le personnage à la fois rigolo, toujours sympa, qui connaît toutes les solutions, peut se sortir de tout mais en même temps a sa personnalité et ses tortures propres, ce perso donc est antipathique au possible à force d'être aussi artificiel. Je passe sur les autres qui ne valent pas mieux, mais le pire, là où vraiment on touche le fond, c'est évidemment le personnage du Méchant qui est franchement risible et qui à lui seul a failli me faire lâcher le livre tellement c'est ridicule.
Alors pourquoi, comme je l'ai dit, certains passages fonctionnent ? Je ne saurais le dire, mais malgré tout ce que je viens de dire, il y a des moments où ça s'oublie, où on réussit à se mettre dedans jusqu'à un certain point, et ça fait que ce livre est lisible, que son volume passe même s'il pourrait être réduit d'un tiers. Quand même, c'est dommage, je pense qu'il aurait été possible de faire quelque chose de tout à fait formidable avec cette histoire si c'était fait de façon plus fine, plus approfondie, et surtout avec une écriture beaucoup plus littéraire que celle là qui ressemble à un script de téléfilm des vacances.
 
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http://des-mots-sans-bruit.cowblog.fr/commentaires-2983151.htmlSun, 04 Apr 2010 13:28:00 +0200http://des-mots-sans-bruit.cowblog.fr/l-ombre-du-vent-carlos-ruiz-zafon-2983151.html
http://des-mots-sans-bruit.cowblog.fr/le-dit-de-tian-yi-francois-cheng-2983139.htmlLe Dit de Tian-yi, françois Cheng
http://www.livredepoche.com/photos-couvertures/LGFLIVREDEPOCHE/2008/9782253151012-G.JPG
 François Cheng, le Dit de Tian-yi

Cela vient probablement aussi du fait que le temps commence à devenir un luxe, mais j'ai de moins en moins de scrupules à laisser tomber un livre qui m'ennuie trop. J'y laisse un bout de papier déchiré à la page à laquelle je me suis arrêté pour que, si un jour je le reprends, je me souvienne à quel moment j'ai abandonné (il m'est déjà arrivé de lire deux fois un livre, tellement insignifiant que je ne me suis rendu compte que dans les dernières pages que je l'avais déjà lu) et je le range dans ma bibliothèque. Quand il est à moi, évidemment, je ne vole pas de livres. Ou enfin peu.
Bref, vous l'aurez compris, j'ai abandonné ce livre de François Cheng, qui pourtant est un auteur qui m'a beaucoup intéressé dans d'autres ouvrages. Peut être est-ce la fiction qui ne convient pas à son écriture (selon mon goût, évidemment. cf: premier article).

Dès le début, l'écriture a entamé mon a priori positif par rapport à ce livre. Mais l'histoire elle même n'avait alors pas réellement commencé, je me suis dit que ça passerait, surtout que ce début était plein de promesses. Et puis non. Je trouve l'écriture vraiment marquée par les essais, et ça ne convient pas au roman, ça l'allonge inutilement et l'alourdit. La vision rétrospective de sa propre vie qu'est sensé avoir le narrateur n'est pas du tout réaliste, elle est montrée comme elle le serait par un narrateur externe et quasi omniscient alors que justement c'est ce qui m'aurait pas mal intéressé là dedans, voir comment il se sort du récit d'un vieux "fou" qui ne l'a justement pas toujours été, si il dresse, ce qui serait logique dans la forme du récit rétrospectif, une vision du Moi passé reconstitués par le Moi présent et dans laquelle le lecteur donc ne saurait pas discerner ce qui est vrai de ce qui est reconstitué a posteriori, ou alors si, en s'éloignant de la forme qu'il avait choisi, il allait nous montrer l'évolution du personnage, ce de quoi on est plus proche, mais de façon tellement diluée ! Et les aspects documentaires, purement culturels, même si tout à fait à propos et jouant quand même un peu un rôle, sont vraiment lourds et artificiels dans le récit. Comme je le dis, on dirait que le personnage narrateur est devant ce qu'il observe pour la première fois, avec toutes ses émotions et remarques intactes alors que l'écriture est sensée se faire une grosse cinquantaine d'année plus tard. Il n'y a pas de trous, pas de flous, pas d'ellipses, rien. Alors en plus de ça et l'écriture qui m'ennuyait profondément, ajoutez une histoire très inégale, qui se déroule comme à côté d'un narrateur auquel on ne croit pas vraiment, qui ne présente pas de tension particulière, et vous comprendrez pourquoi, après m'être plusieurs fois endormi sur ses pages, j'ai laissé tomber le bouquin. Dommage, le projet était sympa dans l'idée, et je soupçonne surtout que ça s'améliore au fur et à mesure pour devenir passionnant à la fin. Mais comme à la moitié passée ça n'étais toujours pas le cas, il attendra quelques années dans les rayons de ma bibliothèque que je le reprenne un jour, car je continue à croire qu'il peut être très intéressant.
 
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http://des-mots-sans-bruit.cowblog.fr/commentaires-2983139.htmlSun, 04 Apr 2010 12:56:00 +0200http://des-mots-sans-bruit.cowblog.fr/le-dit-de-tian-yi-francois-cheng-2983139.html
http://des-mots-sans-bruit.cowblog.fr/rosie-carpe-marie-ndiaye-2949369.htmlRosie Carpe, Marie NDiaye.
http://idata.over-blog.com/1/07/20/23/2009/Rosie-Carpe-001.jpg

Marie NDiaye, Rosie Carpe.

J'avais commencé ce livre, alors emprunté à la bibliothèque, il y a un peu plus d'un an. Malheureusement, j'avais été contraint de l'abandonner devant des obligations scolaires de plus en plus pressantes et envahissantes. Je m'y relance donc. Aux premiers mots, je me suis assez bien souvenu de l'histoire, de l'ambiance et du style, et c'est aussi pour ça que je ne l'avais pas continué à l'époque en le lisant par exemple dans le train le matin et le soir ; c'est un livre difficile. Le style de Marie NDiaye, sublime mais dur y est très présent, ça n'est pas d'une fluidité facile d'accès, elle retarde toujours les événements par des phrases longues, la syntaxe met comme des obstacles sur le déroulement de la phrase, qui retardent le lecteur dans sa recherche de l'information, et quand celle-ci arrive, elle est incertaine, prise dans une sorte de brouillard épais. Alors à la phrase suivante, et dans tout le paragraphe, on essaye de se rapprocher, on tourne autour de la chose en avançant peu à peu, mais jamais de façon frontale. Bien sûr, ça peut paraître désagréable comme écriture, très étrange, mais si on se donne la peine d'essayer, même si vraiment on ne s'y fait pas, en faisant l'effort d'aller jusqu'au bout, je pense qu'on ne peut que se rendre compte que cette écriture difficile est formidable, d'une beauté et d'une richesse infinie. Les thèmes de l'auteur sont là : Famille, une certaine dévoration, recherche de soi, et perte aussi, l'étrange. Avec tout ça, vous vous en doutez, l'atmosphère est assez spéciale, glauque, étrange, tout est incertain, brumeux, on dirait presque crasseux, on ressent comme quelque chose d'avilissant, menaçant et honteux ; c'est très très fort, très puissant ce qui est créé par cette écriture, parfois carrément dur à lire, on a pas envie de lire le mot qui suit, c'est une répulsion presque physique, et pourtant, on continue, parce que, parce que je ne sais pas, mais il y a une sorte de charme qui nous tient, on est accroché au texte. C'est un texte qui touche, qui entre en nous, parfois affreusement.
L'histoire est celle d'une femme, Rosie Carpe, racontée d'une façon non linéaire (mais presque). On apprend à connaître sa vie, comment elle est arrivée là où on la voit quand on ouvre le roman, puis ce qui se passe ensuite pour elle et les siens. C'est aussi une histoire de famille. Terrible, douloureuse à lire, monstrueuse et étrange encore. Les points de vue varient aussi entre plusieurs personnages, principalement Rosie et Lagrand, dans un passage qui peut sembler surprenant quand il se produit, mais est en réalité tout à fait bienvenu. Les personnages sont différents, absolument différents, mais le fait de passer de l'un à l'autre ne change en rien l'écriture ou la façon d'envisager et de dire le monde, on reste dans le même univers, souvent oppressant, gélatineux, décrit avec une force à nulle autre pareille. Je m'attendais à une fin plus brutale, simple (et quelque part décevante), mais jusqu'au dernier mot, on ne sait pas où on va, on avance dans quelque chose qu'on ne connaît pas, qu'on ne comprend pas vraiment, qu'on cherche à interpréter en se demandant toujours si on a raison, si il y a des liens, si on peut comprendre des choses, l'auteur crée chez le lecteur par rapport au livre la même attitude qu'ont ses personnages par rapport à la vie. D'une force, d'une efficacité peu commune, c'est dur, dérangeant, douloureux, mais superbe, incroyablement bien écrit. J'ai beau aimer beaucoup Marie NDiaye et m'attendre au meilleur en ouvrant un de ses livre, il est encore possible de prendre des baffes comme celle là, d'une prodigieuse puissance, d'être encore étonné et sonné par ses livres, par à la fois le style, l'histoire et l'univers particulier, de façon homogène, sans qu'on puisse dire ce qui est le plus important. Incroyable.

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http://des-mots-sans-bruit.cowblog.fr/commentaires-2949369.htmlFri, 01 Jan 2010 15:29:00 +0100http://des-mots-sans-bruit.cowblog.fr/rosie-carpe-marie-ndiaye-2949369.html
http://des-mots-sans-bruit.cowblog.fr/antigone-h-bauchau-2948044.htmlAntigone, H. Bauchau
http://pagesperso-orange.fr/calounet/couvertures/bauchau/antigone.jpg
Henry Bauchau, Antigone
Ce qui est sûr à propos de ce roman, c'est que c'est bien un Bauchau, on reconnaît son écriture qui a une charge poétique immense, qui est d'une beauté illimitée. Trop même. Son écriture est d'une douceur infinie, même dans la violence extrême, ce qui lui confère plus de force encore, dans l'amour ou la colère. Mais tout ça c'est trop, trop de délicate beauté, trop de douceur, et beaucoup trop de poésie, on en est écœuré ! Très rapidement, au bout de quelque phrases, ça semble forcé, on sature vite, les figures de styles, tournures images, tout ça, c'est trop, ça ne veut plus rentrer. Et souvent je trouve (là, si ma prof de poésie tombe sur cet article, je sais que le lendemain, elle me pète les genoux à coup de batte de cricket, et la plupart des critiques lui donneront raison, mais peu importe, je donne ici mon avis personnel) que ses images et ses procédés son affreusement grossiers ! Oui, je les trouves épais, simplistes, et parfois, soyons honnêtes, dignes d'une rédaction de cinquième. Si si si. C'est trop gros, trop facile, et aussi trop constant, trop répété dans ce ton d'une infinie douceur. Il n'y a aucune variation, trop de beauté du début à la fin, ça ne peut pas tenir, la voix d'Antigone est lassante.
Parlons en de cette voix. A aucun moment dans le livre le lecteur n'entend la voix d'Antigone ou des autres personnages qui prennent la parole, seule celle de Bauchau est présente, j'avais un peu l'impression que l'histoire était un prétexte, parce qu'il faut bien un contenu. Mais ça, je conçois que ça puisse être une qualité (ma prof de poésie serait en transe), c'est la voix de l'aède qui porte la chanson et l'enrichit de cette façon, je n'aime pas trop, mais d'accord, c'est intéressant, c'est vrai. Ce qu'il y a par contre, là où ça m'a plus gêné, c'est que Bauchau prend le parti de faire entièrement porter la narration par Antigone, et même quand un autre personnage parle pendant tout un chapitre, on a l'impression que c'est entendu à travers Antigone, et à la longue, cet unique point de vue est assez limité. Mais surtout, ça a un rôle pour Bauchau qui doit vouloir complexifier un peu le personnage, donner à sentir ses émotions et états d'esprit dans ce qui se passe, apporter une réelle épaisseur au personnage, lui donner une sensibilité et la rendre humaine.
Malheureusement, en fait de sensibilité, c'est de la sensiblerie que Bauchau montre. Antigone devient devant nous une pauvre chose sans aucune force, dans une introspection constante, beaucoup trop de spirituel pour l'histoire, il transforme Antigone en une espèce de chochotte qui ne choisit rien, ne peut rien, est là comme par hasard, ne comprend rien à ce qui se passe et geint.
Et en même temps, pour ce qui est de la rendre humaine, c'est raté. Il fait presque de l'héroïne une super-héroïne, un être exceptionnel doué de pouvoirs à la limite du surnaturel, ce qui fait évidemment perdre beaucoup de force au personnage d'Antigone dont la beauté vient du fait que justement elle est presque n'importe qui, elle est tout le monde. Tout est idéalisé à l'extrême, y compris le personnage d'Antigone qui devient à certains moments une sorte de Joséphine ange gardien ou peu importe quel truc dans ce goût là, débordant de bons sentiments et de sensibilité de supermarché, mais heureusement ces passages sont vites rattrapés, ils se noient dans le reste et on les oublie, il s'en sort bien. Son Antigone perd paradoxalement tout aspect humain et tout sympathie, comme quand on apprend à connaître quelqu'un qu'on admirait et qui se révèle être un trou du cul, on se dit "ah, c'est que ça ?", ici, le personnage est beaucoup plus du côté du ressenti, de ses émotions qu'elle écoute constamment avec une attention lassante que dans le conscient, le choix réfléchi, la décision. On perd de la grandeur, du tragique, elle est sans cesse habitée et mise en mouvement par quelque chose "qui vient de plus loin que moi", et c'est le problème, ça n'est plus un être humain seul qui dit non et qui s'oppose consciemment, elle n'est qu'une marionnette manipulée par quelque chose qui la dépasse, elle ne fait que subir, elle n'est rien, plus du tout intéressante par sa démarche consciente et volontaire.
La fin du roman reprend un peu du poil de la bête, mais semble hésiter, faiblement, et trop tard. Rien n'est assez frontal dans ce livre.
Ce qui m'a beaucoup gêné aussi, c'est ces délires de pensée magique, de non-limite au psychologique, les effets largement démesurés de l'esprit sur les choses, chez certains écrivains dans certains contextes, j'aime énormément, mais là, honnêtement, ça m'a semblé grotesque et irritant.
Pour conclure et résumer, la démarche de prendre le récit avant les événements bien connus, ceux de l'Antigone d'Anouilh (entre autres), est très très intéressante, un choix vraiment judicieux, mais la réponse qu'apporte Bauchau pour cette construction d'Antigone me semble totalement inappropriée, presque absurde, et en tout cas fortement décevante. On trouve une Antigone bien fragile, faiblarde, c'est une petite fille, même après tout ce qu'elle a vécu qui dépasse pourtant largement une vie normale, elle est tour à tour trop idéalisée, doucereuse, et en même temps qui perd toute sa puissance, qui n'est qu'une pauvre poupée de chiffon, vide, sans volonté, qui se laisse porter en étant tout juste consciente de ce qui se passe, le tout au milieu d'un axe temporel souvent étrange, de clichés un peu gros, suintant de convenu, mais malgré tout, qu'est ce que c'est beau comme écriture ! Tellement beau que ça m'embête de démolir ce livre, j'aimerais l'aimer, et je ne peux pas entièrement le déconseiller, parce que quand même, tous les points négatifs que j'ai cités sont portés par la plume de Bauchau.

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http://des-mots-sans-bruit.cowblog.fr/commentaires-2948044.htmlMon, 28 Dec 2009 12:13:00 +0100http://des-mots-sans-bruit.cowblog.fr/antigone-h-bauchau-2948044.html
http://des-mots-sans-bruit.cowblog.fr/la-vie-tranquille-m-duras-2948024.htmlla vie tranquille, M. Duras
http://www.decitre.fr/gi/13/9782070373413FS.gif
Marguerite Duras, La vie tranquille.

Le roman commence bien, j'aime souvent beaucoup les entrée in medias res quand ils ne sont pas trop appuyés, juste ce qu'il faut, comme ça. Il s'ouvre sur une action violente, mais c'est Duras, et donc elle la fait durer dans le temps, elle l'étire. Les événements s'enchaînent, et ce ne sont pas de petits événements, mort et passion amoureuse sont au rendez vous, mais à travers la narration de Francine, tout ça parait presque banal. Elle est comme indifférente, comme hors de la vie, de ce qu'elle nous décrit, on entend presque jamais sa voie, tout parvient comme étouffé. Et à la longue, ces drames relatés de façon si neutre, qui va jusqu'au monotone, deviennent assez dérangeants, on sent un certain malaise, surtout dans la deuzième partie où la narratrice semble de plus en plus insensible à ce qu'elle décrit et vit, mais en même temps, réalise qu'elle n'y est pas du tout extérieure, elle est même au centre de tout ce qui se passe, elle est le point de départ des malheurs qui déchirent ceux qui l'entourent. On continue d'aspirer à la vie tranquille, alors que tout semble contredire le fait qu'elle soit possible. Le roman crée vraiment une drôle d'impression, il est assez particulier au début, il semble rébarbatif, on ne voit pas trop où va tout ça, mais en continuant, on y trouve un grand intéret et on le suit avec une attention inquiète la narration très réussie de Francine, qui semble assez lourde au commencement, mais qui est en réalité fort bien construite et tenue. C'est le genre de romans à retardement que j'aime bien. Un bon Duras pour moi, peut être pas le meilleur ni le plus simple (à apprécier) mais loin d'être le moins bon. J'ai beaucoup aimé. Beaucoup.

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http://des-mots-sans-bruit.cowblog.fr/commentaires-2948024.htmlMon, 28 Dec 2009 11:02:00 +0100http://des-mots-sans-bruit.cowblog.fr/la-vie-tranquille-m-duras-2948024.html
http://des-mots-sans-bruit.cowblog.fr/montherlant-pitie-pour-les-femmes-2939079.htmlMontherlant, Pitié pour les femmes. http://www.spikeseduction.com/wp-content/uploads/2006/07/Pitie%20pour%20les%20femmes%20%5B100x170%5D.jpg
Pitié pour les femmes, Henry de Montherlant.

Cet ouvrage est le deuxième volume d'un ensemble de quatre, dont le premier était Les jeunes filles, roman étrange, à la forme étonnante, incertaine, à la fois intéressant et un peu dérangeant. Ce second volume lui est nettement inférieur. Il n'a plus cette forme composite qu'avait le premier, enchaînant plusieurs types de documents : extraits d'articles, narration, lettres avec ou sans réponse, qui se croisent, parlent les unes des autres etc. Ici, une narration classique la plupart du temps, des lettres aussi, mais insérées de façon banale, et qui apportent beaucoup moins que dans le premier roman. Rien de surprenant ou d'inhabituel, le lecteur n'est pas déstabilisé dans la forme. Dans le fond ; pas plus. L'auteur s'applique à rendre son personnage aussi haïssable qu'attachant et intéressant, mais justement, il s'y applique trop pour que ça fonctionne, il force juste le trait par rapport au premier volume plus complexe, plus efficace. Le personnage finit par devenir indifférent au lecteur, il perd toute sa saveur, n'est absolument plus surprenant, on se désintéresse de ce qui peut bien se passer. Même l'écriture m'a semblé forcée, moins spontanée que dans le premier volume. Pourtant, on ne peut pas dire que le livre soit inintéressant, il se lit, on se laisse porter par le récit vu qu'il ne prend plus de chemins détournés, on avance dans le livre, il n'est pas désagréable si on accepte le personnage comme il est (un fumier fini, mais intelligent aussi, c'est bien ça le problème), ce qui est quand même l'intérêt de ces livres. Même s'il est moins savoureux que le premier, ça ne veut pas dire qu'il ne l'est pas. Mais ça n'est pas un livre qui me laissera de grands souvenirs. Peut-être les deux autres de la série sont ils meilleurs, celui ci ne serait qu'une transition un peu faible ? C'est possible, et si les volumes suivants me tombent sous la main un jour le les lirais sûrement, mais avec de moins grandes attentes.
 
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http://des-mots-sans-bruit.cowblog.fr/commentaires-2939079.htmlThu, 03 Dec 2009 18:12:00 +0100http://des-mots-sans-bruit.cowblog.fr/montherlant-pitie-pour-les-femmes-2939079.html