Luc Lang, Mille six-cent ventres.
Nous est racontée dans ce livre la vie du cuisinier de la prison, au chômage technique le temps d'une révolte massive des prisonniers qui ont pris possession du bâtiment. Le cuisinier, voisin de la prison, est chez lui, son petit quotidien est bouleversé par les événements, la présence de hordes de journalistes et de forces de l'ordre. Le récit est fait à la première personne, c'est le cuisinier lui même qui se dévoile peu à peu, révèle son histoire, nous laisse la découvrir petit bout par petit bout, une histoire bien moins banale qu'il n'y parrait. Le principe du livre est de partir d'une situation particulièrement ordinaire et, à l'occasion de la révolte des prisonniers qui révèle les dysfonctionnements de la prison, montrer aussi ce qui cloche et est caché dans la vie de ces personnages qui ont l'air de clichés, le vieil anglais obsédé par son jardin, sa rouquine vieille fille etc. Le narrateur laisse voir des fentes dans sa vie parfaite et le lecteur devine d'abord ce qu'il voit parfaitement ensuite, rien n'est ce dont il a l'air, cachés derrière la plus plate banalité, tous les vices, les extrêmes des personnages font surface et prennent le dessus au fil du roman. C'est un roman de la surprise, qui emmène son lecteur, pour peu qu'il accepte la narration de ce personnage assez particulier, dans une histoire qui se laisse lire. Pourtant, au bout d'un moment, le lecteur s'habitue un peu, voit venir l'auteur, l'effet de surprise s'essouffle et alors l'écriture peut sembler un peu lourde pour certains passages. Mais après avoir refermé le livre, on ne regarde plus son vieux voisin très convenable, très comme il faut de la même manière. Donc pour résumer un livre assez sympa malgré une certaine lourdeur.