Marguerite Duras, La vie tranquille.
Le roman commence bien, j'aime souvent beaucoup les entrée in medias res quand ils ne sont pas trop appuyés, juste ce qu'il faut, comme ça. Il s'ouvre sur une action violente, mais c'est Duras, et donc elle la fait durer dans le temps, elle l'étire. Les événements s'enchaînent, et ce ne sont pas de petits événements, mort et passion amoureuse sont au rendez vous, mais à travers la narration de Francine, tout ça parait presque banal. Elle est comme indifférente, comme hors de la vie, de ce qu'elle nous décrit, on entend presque jamais sa voie, tout parvient comme étouffé. Et à la longue, ces drames relatés de façon si neutre, qui va jusqu'au monotone, deviennent assez dérangeants, on sent un certain malaise, surtout dans la deuzième partie où la narratrice semble de plus en plus insensible à ce qu'elle décrit et vit, mais en même temps, réalise qu'elle n'y est pas du tout extérieure, elle est même au centre de tout ce qui se passe, elle est le point de départ des malheurs qui déchirent ceux qui l'entourent. On continue d'aspirer à la vie tranquille, alors que tout semble contredire le fait qu'elle soit possible. Le roman crée vraiment une drôle d'impression, il est assez particulier au début, il semble rébarbatif, on ne voit pas trop où va tout ça, mais en continuant, on y trouve un grand intéret et on le suit avec une attention inquiète la narration très réussie de Francine, qui semble assez lourde au commencement, mais qui est en réalité fort bien construite et tenue. C'est le genre de romans à retardement que j'aime bien. Un bon Duras pour moi, peut être pas le meilleur ni le plus simple (à apprécier) mais loin d'être le moins bon. J'ai beaucoup aimé. Beaucoup.